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histoire d une vie


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J'ai trouvé ce récit sur un autre forum

Et puis, à la lecture des événements qui ont marqué la vie de ce Kaizers (son pseudo), j'ai trouvé que ça méritait d'être diffusé ici, comme un cadeau de Noël à siroter au coin du feu.

Tout ce que vous allez lire ici s'est réellement passé, et témoigne d'une autre époque, d'une passion, d'un vrai sens donné à la vie de ce motard (on va dire biker pour faire dans le style), enfin, une histoire de vie passionnée. J'ai retranscrit ici l'ensemble sans rien changer du texte.

Bonne lecture.


coooool coooool coooool coooool coooool






Voici donc le 1er épisode...


"Salut à tous,
J'ai passé le permis moto le jour de mes 16 ans en 1969. Cherchez pas : J'aurai 53 ans la semaine prochaine . Je n'ai passé aucun moment de ma vie sans moto et ça fait 20 ans que j'ai acheté ma première Harley. C'était un Panhead, à une époque où plus personne n'en voulait . Depuis, les big twin se sont succédés, mais j'ai jamais réussi à passer le cap des cylindres alu. Sectaire ? Ben oui, peut-être un peu, mais j'ai toujours préféré les originaux (Pan 65) aux copies (Road king), même très bien faites. C'est vicéral, mais heureusement que tout le monde n'est pas de mon avis : l'usine de Milwawkee aurait fermé. Alors ravi de prendre part à vos forums qui ont réellement l'air passionnés et passionants.

Seraient-ils taquins sur ce site ? nonononon, à peine.
Ca posé, C'est vrai qu'il fait pas bon vieillir. Pourriez-vous SVP ecrire plus gros : j'ai la vue qui baisse et mon monocle est tombé. Je le ferai réparer en même temps que mon sonotone, quand j'aurai retrouvé ma cane que j'ai égarée. Parceque pour la mémoire, ça va pas fort non plus. Ma femme me le disait encore l'autre jour. Je lui proposais :
- dis donc la Marie, ça fait bien longtemps que toi et moi, on n'a pas ...
- Mais ça s'arrange pas ta mémoire, ça fait déjà 5 fois rien que ce matin...
Merci pour vos messages.

merci encore camarades motards . Il faut vous avouer que comme d'autres amateurs de vieilleries ricaines, j'ai plusieurs HD. 5 en fait. On dit qu'en prenant de l'âge, ce qui change le plus, c'est la taille de la boite à jouets . Donc, résumons : un servicar de 59 en cours de remise en état (non, pas chez le garagiste, mais avec mes petits doigts musclés), un autre de 69 qui roule bien merci. Celui là a un démarreur électrique, bien pratique pour dans 20 ans. Ensuite, un shopper délirant sur la base d'un hydra 55 (inroulable ou presque) et un autre Panhead, de 65. Un modèle intérressant car dernière année de pan et première année de démarreur électrique (+ kick, ouf) et donc toute première Electra glide. Celle ci a les vitesses au réservoir (d'origine bien sûr) et donc l'embrayage au pied. Cool.
Enfin, concession au modernisme (tout est relatif) un wide glide 1983 shovel. Dernière année de production aussi. Celui-ci s'appellait Disc Glide parcequ'il avait, d'origine, une roue arrière pleine, la même que sur le Softail custom apparu 3 ans plus tard. Autre particularité du FXDG, c'est ses deux transmissions (primaire et secondaire) par courroies, comme un Sturgis. Machine rare (813 ex) que j'ai eu énormément de mal à aquérir, il y a pourtant plus de 15 ans. L'histoire est sympatoche, je vous la narrerai si vous insistez. Là, ils vont couper la lumière à l'hospice de vieillards. Bonneu nuit les petits.

Encore merci à tous pour votre enthousiasme.
Chacune de mes HD a une histoire. Je commence par celle de l'Electra 65 :
Il faut préciser que aux USA, la première et la dernière année d'un modèle sont très recherchées. Un pan 1948 ou 1965 vaut là bas beaucoup plus de $ que les années intermédiaires. Mais un 48 est le brouillon et, d'origine cette moto avait de gros soucis de fiabilité alors qu'une 65, c'est l'aboutissement du Panhead, le must. Et comme je considère ce moteur comme le plus beau de la production et le plus agréable à conduire, avec une douceur à bas régime fantastique, c'est bien d'une Electra 65 que je rêvais.
Au cours des années 80 j'allais deux fois par an sur la cote est américaine chercher des autos de collection et des Harley que je revendais en Europe. Au fil du temps, j'ai fait la connaissance de types fabuleux qui ne vivaient que pour les belles de Milwaukee, dont Al. Il possédait en permanence entre 100 et 200 HD dont des engins délirants telle l'hydra glide bien connue, pourvue de plusieurs centaines de lumières genre clignotants et aussi un shopper entièrement à la gloire du 3 èm reicht et de son chef Hitler. Il possédait aussi deux Electra 65. Il me vendait régulièrement des motos, mais ces Electra faisaient partie de ses babys et il refusa de les me vendre pendant trois ans. Et puis un jour, il m'annonça qu'il achetait une nouvelle maison et que peut-être... La négociation commeça vers 14 h, nous fîmes une pause pour manger un cheese cake vers 23 h et finîmes de nous mettre d'accord vers 6 h le lendemain devant le breakfast ! je jure que c'est la vérité. Al est dur en affaire mais je tins bon. Je lui achetais d'un coup plus de 20 HD, négociée une à une mais celà me permettait d'emporter les deux Pan 65, à prix d'or. En France j'en vendis un à mon ami Philippe, à Nice, qui le restaura magnifiquement et gardais l'autre qui roule superbement. Son seul défaut : un taux de compression un peu faible et donc un certain manque de puissance. C'est dû à la piètre qualité de l'essence de ces années là, qui nécessitait de décompresser les moteurs. Je vais, un jour, mettre des pistons à compression standard pour éviter de trop ralentir dans les montées, surtout à deux.
Qui n'a jamais conduit de Panhead ne sait pas ce qu'est une Harley-Davidson. Les performances, 40 ans après, n'ont guère évoluées (170 en pointe, 130 de croisière). Le confort de la selle supendue aidée par une vraie suspention est inégalable. La rondeur de fonctionnement et le bruit sont fabuleux. Les tambours freinent bien et là, tout, absolument tout était made in USA. En 1965, l'Electra était livrée envitesses au pied, sauf commande spéciale, pour la police. C'est le cas de celle-ci. On s'habitue étonament facilement aux vitesses au réservoir. L'embrayage au pied est désagréable pour les manoeuvres sérrées. Cette moto est une vraie pièce de l'histoire américaine et reste rare partout dans le monde.
Mon kodac à soufflet numérique a travaillé pour vous aujourd'hui, mais je m'en voie pour insérer les photos. La prochaine fois. Saluuuu.

Maintenant, l'histoire de mon Shovel :
Je rappelle pour les p'tis nouveaux, que HD était à la fin des années 60 au bord de la faillite, comme tous les constructeurs motos non japonais. A cause des japonaises, justement et du marché en chute libre. la moto n'avait plus de rôle utilitaire, depuis que les autos étaient devenues abordables et la notion de moto loisir n'avait pas encore convaincu assez de monde. Une boite du nom d'AMF a alors racheté HD. Pour faire baisser les coûts de fabrication, AMF a décidé de supprimer les contrôles-qualité et les HD de cette époque avaient donc beaucoup de soucis. C'est à cette époque que nos motos ont acquis cette sale réputation qu'elles trainent encore actuellement. Je rassure les propriétaires de Shovel de ces années là, les défauts ont été réparés depuis, par les différents mécanos ayant entretenu les machines.
En 1982, un groupe d'investisseurs, incluant l'amblèmatique Willy J Davidson, a racheté la majorité des actions HD. Le milieu Harley a soufflé de soulagement et presque immédiatement la qualité des produits a fait un gigantesque bon en avant. Le moteur Evo sortait en 1984.
Pour prouver sa confiance en ces machines, Willy J s'était fait monter une moto avec le cadre qu'il préfèrait : le Wide Glide et son moteur préféré : Le Sturgis, pourvu de transmissions secondaire et primaire d'origine. Il choisit une peinture marron métal, utilisa pour la première fois une roue arrière pleine et l'enthousiasme fut tel, qu'il décida de produire une petite série de cette moto. Pourquoi 813 ? La légende veut que ce soit une pour chaque concession de l'époque... En tous cas, ce modèle fiabilisé du Shovel est le symbole de la renaissance, sous de bien meilleurs cieux de la marque. Il est aussi appelé FXWG Willy J spécial.
Je roulais, à la fin des années 80 avec une Electra sport de 1983, shovel donc. C'est une électra complètement dépouillée d'origine, avec de reposes pied, pas de plateformes, ni pare brise, ni saccoches, des roues à rayons et une secondaire par courroie. Très belle moto. Mais un Willy J, j'étais prêt à me damner pour en avoir un. Tous mes amis ou correspondants américains avaient éclaté de rire quand je leur avait demandé de m'en trouver un :" Si on en trouve un, on se le gardera, bien sûr, on ne le revendra pas". Bon... j'en avais à peu près fait mon deuil, quand un pote de Dijon m'appelle :
-Dis, y'a ici un Texan qui voyage avec un Wide Glide pourvu de 2 courroies, tu connais ?
-Il est marron métal ?
-Comment tu le sais ?
-Je te raconterai. Il n'est évidemment pas à vendre.
-Si, justement.
-Retiens-le, j'arrive!!!
-C'est pas necessaire, sa prochaine étape est Lyon, j'organise votre rencard. Il s'appelle Steve.
Je passe une nuit difficile et le lendemain, je rencontre Steve. C'est un mec bien cool, mais je suis hypnotisé par sa bécane : elle est à 98 % d'origine, avec seulement 13000 miles (20000km) au compteur et dans un état proche du neuf. Je m'attend à ce qu'il en veuille cher, mais pas à ce point là. Presque 2 fois le prix d'un shovel normal. Là, je peux pas. ça me tord les tripes, mais ça va pas être possible. Comme Steve est seul, on bouffe ensemble le soir, on fait la tournée des endroits sympas la nuit et plutot que de dormir au camping, comme ma femme et mes gosses sont en vacances, il se pose chez moi. Il y reste une semaine, on fait la teuf, il m'aide dans mon business... Puis il revient à la charge:
- Tu sais j'ai besoin d'argent pour continuer mon voyage, achète-moi ma HD. Je suis prêt à négocier.
- J'aime mieux pas. La proposition que je vais te faire va être si loin de ce que tu en veux, que l'on va se facher.
- Non, promis, on parle. Il me faut acheter une moto japonaise fiable pour continuer à rouler et du cash.
On cherche une moto à Lyon, mais rien de ce que l'on trouvait ne lui plaisait. Là, on part à Chambery où un très bon copain me vend un Kasawaki sympa à prix d'ami. Je complète le deal avec une quantité raisonable de beaux billets. Steve est content et il voyagera plusieurs mois, avant de rencontrer la femme de sa vie en Bavière et de s'y installer.
Et me voilà avec mon bébé. J'aime tout de cette moto, sauf la couleur. D'un autre coté, il est exclu de la repeindre, c'est un collector. En faisant le tour des pièces récupéres après des modifications sur les bécanes de clients, je m'apperçois que j'ai une carrosserie complète. Je la fais peindre en noir, démonte celle d'origine que je stock très soigneusement et remonte l'autre. Ha ben oui, hein, c'est bien mieux.
Ma moto a maintenant 200 000 km et roule comme au premier jour. je l'entretien amoureusement et son seul point faible, c'est cette primaire par courroie enfermée dans un carter non ventilé et qui n'a donc pas une grande durée de vie. C'est probablement pourquoi HD n'a pas persisté sur cette solution, ils ont eu raison.
Et de deux ! la prochaine fois, on causera du shopper "the plague", que certains connaissent peut-être. Ciao...."



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Partie 2

"Ho, mon chop a participé au début des années 90 à beaucoup de shows, dont les deux éditions de la rétrospective de Besançon, effectivement. Bonne mémoire. Il a aussi fait 6 pages couleur dans Free Way en 1991.
Son histoire commence en 1969, quand un félé du New Jersey rachète cette hydra-Glide de 1955 et décide d'en faire un shopper de concours. J'ai la liste des factures de fabrication et ramené en monaie d'aujourd'hui, c'est délirant. A l'époque, le marché "after marquet" n'existe pratiquement pas et tout est donc fabriqué sur mesure, par des artisans. Et le gas ne lésinait sur rien. Tout ce qui est couleur or, c'est de l'or 24 carats (ben oui plaqué, pas massif !!!) la halebarde est taillée dans une plaque de 10 mm et la mécanique complètement refaite à neuf (moteur +boite). La roue avant n'est pas issue d'une quelconque japoniaiserie, mais avait été fabriquée pour les quelques très rares XR 750 de piste, usine !!! Où le mec a dégotté cette roue ? Mystère, mais j'ai vu une photo de la moto de course d'époque et c'est bien une pièce HD. La fourche semble bien être un modèle unique, ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle tant elle manque de rigidité. La géométrie du cadre n'a pas été modifiée et donc le cadre se dresse sur la roue arrière. A l'époque, c'était à la mode. De toutes façons, la machine n'a pas de circuit électrique et n'a, apparement jamais roulé par ses propres moyens. Une peinture psychadélique à base de mauves, violets et autres bordeaux se marient bizarement. Sur le fitre à air est gravé en lettres gothiques le nom de la bête : THE PLAGUE, littéralement la peste noire (plusieurs dizaines de millions de morts au 14 ém siècle ...) ou le fléau. Charmant. Mais le succès est incontestable et la moto gagne beaucoup de shows pendant deux ans, sur la cote est US. Là bas, les premiers prix sont grassement payés et on amortit rapidement un bon cheval. Le propriétaire monte donc un nouveau projet et vend THE PLAGUE à Richy.
La manière dont j'ai rencontré Richy mérite aussi quelques lignes. Une annonce dans le "Want add press" m'informe qu'un low rider est à vendre au nord de New York. J'appelle. Richy (puisque c'était lui) m'informe du bon état de la bécane et m'explique comment venir chez lui. Je lui explique que j'ai près de 3 h de route pour venir et qu'il doit me garder la moto. Trois heures plus tard, je sonne chez lui, pas de réponse. J'insiste longuement et finalement un énorme et grand biker tatoué jusque sur le visage, chevelu, barbu et de mauvaise humeur sort.
-Q'est ce tu veux ?
-J'ai appelé tout à l'heure pour la HD.
-Elle est vendue.
-Tu plaisantes, je viens de me taper 3 h de route pour rien! Tu avais promis de m'attendre.
Et là, Richy devient un tout petit garçon qui a fait une bêtise.
-Oui, désolé. Y'a un mec qu'est passé avec le cash. Tu aurais pu ne pas venir. Je l'ai vendue.
Je suis furieux et ça se voit. Je l'insulte, mais en français car il fait deux fois mon poids. Il a réellement l'air embêté.
-Bon, je vais t'emmener voir une autre bécane à vendre et comme je me sens coupable, je ne prendrai aucune commission. Ca va comme çà ?
Il m'emmène avec son pick up dans le Bronx. Un coin sinistre et dangereux. Je balise car je trimbale une grosse somme en espèces et il peut me faire une embrouille, voir bien pire. Nous arrivons devant le local qui ressemble à un bunker. Il frappe à la porte blindée. Un géant, encore bien plus impressionant que Richy nous ouvre. Ils s'étreignent et Richy me présente. Puis le type tourne le dos et je reconnais sur son gilet les couleurs d'un des pires moto club du monde. Je me liquéfie, mais que faire ? Je le suis dans le local. Une vingtaines de motos s'allignent à l'intérieur, presques toutes marquées des couleurs du club. Richy me montre la moto à vendre. Elle est superbe et pas bien chère. Un autre membre du club vient finaliser le deal et nous descendons quelques bières. Je suis très mal à l'aise, mais le cache de mon mieux. Je paye, on charge la moto et rentrons chez Richy. Là, il me fait visiter son garage où s'alignent ses trois motos et, au fond, j'apperçois THE PLAGUE. Il me raconte son histoire et je suis sous le charme. Je lui demande s'il veut la vendre. Non, pas pour le moment, mais si ça arrive, je serai le premier à le savoir. Il a aussi une tone ou (deux ?) de pièces d'occasion et me vend des carbus S&S super B, des réservoirs fat bob et surtout un moteur shovelhead complètement neuf, jamais monté, dans sa caisse HD d'origine. Je reverrai Richy à chacun de mes allers retours et des années plus tard, il me vendra The plague, à un prix d'ami (ce que nous étions devenus) et à la condition que je le garde pour moi, pas pour mon business. Voilà comment je l'ai aquis, je vous racontrai la suite une autre fois...

Suite de "The Plague", mais pas fin.
Une fois le bébé importé, je donne la mécanique à regarder chez un gris du coin. C'est réellement tout neuf. Telle qu'elle est, la moto me plait moyennement. Je voudrais le cadre parrallèle au sol, la peinture a mal vieilli et la selle, recouverte d'une moumoute avec des poils de bien 5 cm de long, est un gag. Je fabrique une embase en alu et un sellier me fait une selle très fine recouverte de peau de lézard, verte. J'ai flashé : la moto sera recouverte d'écailles peintes. En 1989, le seul carrossier capable de modidier l'angle de fourche et de réaliser la peinture, c'est Paul Boutin, à coté d'Annecy. Mes potes Bad winners (heu... Wanted Bikers à l'époque) me le recommandent chaudement et se chargent même de lui amener mon cadre. J'appelle régulièrement Boutin, chaque semaine, et la réponse est toujours la même : J'attaque ton cadre la semaine prochaine. Ca dure 3 mois, 6 mois, 9 mois ... Là, je me fache, il réagit mal :
- Si t'es pas content, viens récupérer ton cadre.
- Ecoute-moi bien : Je viens en fin de semaine prochaine, si c'est pas fini, je fous le feux à ton bouclard et je t'éclate la tronche.
Je raccroche.
Quelques jours plus tard, il me rappelle (une première !) :
- Je suis désolé : J'aurai pas terminé samedi, mais j'y passerai le week end, viens seulement lundi s'il te plait, je peux pas faire mieux.
- LUNDI, DERNIER DELAIS !!!
Le lundi, j'arrive. Boutin ne me calcule même pas. Il s'attendait à voir arriver un gros méchant impressionant. Je me présente et on éclate de rire tous les deux. Pour incliner l'angle de fourche, il a du refabriquer la tête de diable qui à mon goût, ressemble plus à un Grimlins. Je lui avais demandé une teinte sombre, ce n'est pas le cas. Je suis déçu, mais par contre la qualité du travail est excellente et le prix plus que raisonable. On en restera donc là et son bouclard n'a pas brûlé
Le salon de La roche sur Foron est à l'époque l'évènement incontournable du milieu HD. Le Best of show y est donc considéré comme le prix de la plus belle HD européenne.Or, il ouvre 15 jours plus tard. On bosse jours et nuits et The Plague gagne La Roche. Une consécration. On fête çà copieusement, un Suisse me fait une offre d'achat délirante, mais dans l'euphorie du moment, je refuse de vendre mon bébé.
Je gagnerai d'autres concours et Free Way consacrera pour la première fois 6 pages couleur à la même moto : The Plague. L'avantage, c'est que l'on parle de moi et que c'est bon pour mon business. Epoque bénie. Les organisateurs du salon de La Roche me proposent de faire partie du jury, ce que je ferai 10 ans de suite, pratiquement jusqu'à la dernière édition.
Ensuite, le niveau de finitions des machines évolue de manière extraordinaire et The Plague n'est plus au niveau. Et puis on l'a trop vu. Alors, me vient cette idée stupide : et si on roulait avec... Jusque là, je la transportais sur remorque de concours en concours, mais bon, c'est quand même une moto. Mais là, on était pas au bout de nas peines. A +
Je commence pas à vous saouler avec mes histoires d'ancien combattant ? Franchement ?"

a suivre ....


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Et maintenant la partie 3

"Désolé, j'arrive.
Mon Electra 65 est très proche de l'origine, par contre elle a un carbu Mikuni et non pas son Linker, qui, en revanche est sur The plague. Celle-ci n'étant de toutes façons pas collection, je transfère le Linker sur l'Electra. Dans un swap meet je trouve une pipe permettant de monter un keihin moderne sur un Pan et j'adapte une base de filtre à air pour garder celui gravé.
Le moteur ronronne comme un chaton (expression us). Par contre, la lourde halebarde vibre trop et risque de découper le garde boue arrière. Nous refabriquons une selle avec support acier très rigide et un dossier qui semble s'appuyer sur le sissy bar. En fait, c'est le contaire : dans le dossier une structure genre tour métalique rigidifie la halebarde. Je demande au sellier de plisser le skai pour immiter la forme d'une colone vertébrale à tavers la peau. Le résultat est un peu décevant, mais une mousse plus épaisse que pour la selle précédente permet d'envisager des kilomètres.
Je change les drag pipes pour des longs tubes moins bruyants et qui remontent en queue de poisson, conformes aux années 70. Les adapter prend encore quelques heures, mais ce n'est que du plaisir.
Le guidon Z bar amène les mains trop hautes et surtout trop en arrière. Il laisse la place à un drag bar monté sur des risers très longs, fabriqués sur mesure. La position de conduite reste Rock and roll.
Mais la moto est inconduisible à plus de 60 km/h. Elle cherche constament sa route et il daut compenser au guidon trois fois par seconde.
Première piste : l'angle de fourche. D'origine, entre 25 et 29°, on peut mettre 32 à 34 sans gros risque. On considère que passé 35, c'est très chaud. La mienne a 43 ° !!! Mais j'avais rencontré un mec, aux USA, dont le shopper a le même angle et qui le manie comme un vélo. (J'avais superposé la photo que j'avais prise de sa bécane avec une photo de the Plague). Mais sa fourche paralélo est à section ronde et pas carrée comme la mienne. C'est donc probablement plus un problème de rigidité.
Première tentative pour rigidifier les tubes porteurs : mon ami François (merci à lui) usine dans le lycée technique où il enseigne, de barres carrées que nous enfonçons difficilement à l'intérieur des tubes creux. Aucune amélioration.
Il fabrique alors un rigidificateur qui vient se positionner au dessus de la roue avant : bof !!
Là, nous remarquons que les balanciers inférieurs semblent plus longs sur la photo du shop ricain. François prend deux plaques d'acier de 10 mm et y perce plein de trous pour faire des essais. Quand on éloigne l'axe de la roue, en avant, là, il y a une amélioration. Mais de combien faut-il l'éloigner ? Trouver des informations sur la géométrie des fourches à parrallélogrammes déformables en 1994 est compliqué. Je ne trouve pas d'ouvrage traitant de la question. Internet n'est pas encore développé. Un vieux prof du lycée automobile de Lyon nous donne des notions, mais c'est Richard Piazeki, constructeur des, probablement, plus délirants shoppers européens qui nous donnera des shémas et des chiffres fiables. Merci à lui aussi. François refabrique donc les balanciers qui ont grandi de plus de 10 cm !!! La moto est moins instable mais le cap des 100 km/h reste utopique, ou suicidaire. Pas grave, je considère The Plague comme une oeuvre d'art à part entière, une sculture. A tel point que lorque je fais aménager une vaste ex-grange en loft, je prévoie, du début un emplacement aux dimentions du shopper où il sera parfaitement mis en valeur. Un gros treuil électrique, non démontable, permet de le monter sur la passerelle. On le voit de partout : de dehors, du bas à travers la passerelle en verre ou en montant l'escalier. J'ai prévu un second emplacement à coté de ma tombe pour The Plague. (non, j'déconne !!!)
L'histoire des servicars est beaucoup plus simple...quoi que !!!

Merci de vos réactions.
En 1988, j'ai créé Classic Affairs (en américain : a classic, c'est un véhicule ancien et an affair, c'est une histoire d'amour). J'importais des autos de collection, majoritairement anglaises (jag, Austin-Healey...) mais aussi quelques ricaines (Corvettes ou cad...). Je louais un entrepot miteux dans un quartier craignos de Lyon. Question de moyens...
Lors d'un salon où j'exposais, j'ai rencontré un mec qui m'a suggéré d'importer des HD. J'en ai ramené trois. Mais en 1988, ces motos n'étaient pas du tout à la mode et j'ai galéré pour les fourguer. J'ai persisté car on les achetais pour une poignée de figues.
Et puis un jour le miracle se produisit : Johny Halliday se montra partout en HD. Et là, le marché explosa. tout ses fans passèrent frénétiquement le permis moto et cherchèrent des HD. Puis le phénomène de mode se généralisa à tous ceux qui voulaient rouler autrement.
Les concessionaires fournissaient au compte goutte des motos neuves, mais pour les occasions, le marché français ne fournissait pratiquement aucune moto à vendre. L'import explosa. Je me mis à importer les HD par 20, puis par 30 et même 50 motos par voyage.
C'était énormément de travail, de stress et de soucis avec les transporteurs, les douanes, les mines et les clients mais c'était une époque passionante et très lucrative.
J'ai rencontré des gens fabuleux des deux cotés de l'Atlantique et lié de vrais amitiés, profondes et durables. J'ai eu la chance de vivre des moments très forts, merveilleux ou terribles que je n'oublierai pas.
Et puis la mode HD a aussi gagné les USA et les prix ont grimpés là bas jusqu'à devenir supérieurs à ceux pratiqués ici. De plus, un stock de motos d'occasion s'était créé ici et importer n'était plus necessaire. Fin de ce business. Tant pis !!!
C'est vrai qu'il y aurait matière à littérature, mais chacun son métier.
Sur les très nombreuses motos rapportées, il arrivait qu'un modèle rare ou acheté dans des circonstances spéciales m'incite à le mettre provisoirement de coté, juste parceque le vendre me faisait de la peine. Et puis le provisoire devient définitif et celà permet de raconter l'hisoire de ces beaux objets. Ravi que mes souvenirs amuse quelques uns d'entre vous.

Le servicar 1959, je l'ai acheté à Tony, à Philadelphie.
Tony travaillait chez un fabriquant d'hélicoptères mais sa grande passion, c'était les HD. Il s'était fait tatouer un gros bar and shield sur l'épaule.
Il avait passé une annonce pour vendre un modèle interressant et éclata de rire lorsqu'il vit ma tronche en entrant dans son garage : Je m'attendais à voir une moto. Une bonne vingtaine de HD, toutes plus rutilantes les unes que les autres, attendaient un acheteur.
En plus de son job, Tony écumait la région, ramassait les meilleures motos et les réparait si necessaire. Ensuite, il les revendait, au noir, en prenant un ticket raisonable. Il comprit vite que n'étais pas venu acheter une seule moto et je compris vite que Tony allait pouvoir me faire gagner beaucoup de temps. Et comme, en plus il était extrèmement chaleureux et sympathique, traiter avec lui devint vite un plaisir. On a passé des soirées d'antologie avec ses potes et une totale confiance s'était instaurée.
Il avait une HD à vendre qui interressait un mec qui avait un servicar à reprendre. Avant même de traiter l'affaire, Tony me proposa le tricycle, mais j'ignorais comment j'allais pouvoir immatriculer çà, en France. Je savais que Francis (super cycle service à Nice) en avait un en plaque française. D'un autre coté, ce drôle d'engin utilitaire, original et hautement collectionable m'amusait bien. Je pris le risque.
Et en effet, la fédération française des véhicules d'époque me permit de faire une carte gris collection.
Le gag, c'est que en cette fin des années 80, les tricycles avaient un statut extrèmement flou. Ils étaient répertoriés sous l'apellation de "TQM" tricycles et quadricycles à moteur et leur cylindrée était officiellement limitée à 125 cm3. Ca concernait essentiellement les triporteurs d'après guerre et les Piaggios pick up utilisés par Gaz de France ou l'épicier italien du coin. Ca se conduisait donc sans casque, sans ceinture de sécurité et avec un permis 125. Or les servicars sont des 750. Je me faisais systématiquement arrêter par les queufs qui hallucinaient mais ne pouvaient rien faire face à ma carte grise bien en règle.
Depuis, sont apparus les trikes et la législation s'est adaptée. Maintenant je met un casque, mais j'aime rouler avec ce saucisson, majoritairement dans Lyon car sur route on s'ennuie vite (25 ch pour 400 kg !!!) et voir la tête des gens quand j'enclanche la marche arrière pour faire un créneau.
Et puis, il me fait penser à Tony, un mec fabuleux, dynamique, généreux et drôle. Un Américain typique, lourdeau et borné mais extrèmement attachant. En 1992, l'énorme hélicoptère avec lequel il effectuait un vol d'essai se crasha dans la rivière Delaware. Aucun survivant. Il me manque encore."


... à suivre....






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Partie 4

Je racontrai bientôt l'histoire de mon deuxième servicar acheté à endroit hallucinant : Nick's cycle salvage. Un endroit qu'aucun Européen ne peut imaginer. Désolé, j'aimerais consacrer plus de temps à ce forum, mais un énorme problème familial est largement prioritaire. Saloperie de crabe !!!!

Très possible ! Le servicar 1969, je vais à nouveau l'utiser courament, dès que j'aurai fini le TOW BAR qui me manque : C'est un long U en fer plat qui s'articule sur l'axe de la roue avant. En position moto, on le relève, mais si on a une auto à aller chercher, on bascule la base du U vers l'avant et on le fixe par un système "étudié pour" à l'arrière de la voiture. Puis, y'a plus qu'à tracter le sevicar en remorque jusqu'à destination. Les mécanos US utilisaient courament ce système pour aller chercher ou livrer une auto ... Tout seul. Et en plus, maintenant, c'est plutôt marrant.

Une autre histoire ?
Un jour, je m'arrète manger une pizza sur la route qui va de Philadelphie à Atlantic City (le Las végas de la cote est). A la vue de ma HD, le patron me branche :
-Tu vas chez Nick ?
- He ben... non, c'est qui, Nick ?
Le type me regarde d'un air halluciné:
-Tu roules Harley et tu connais pas Nick ? De quelle planète tu débarques ? Je te laisse la surprise, mais va y, tu ne sera pas déçu, juré !
Il m'explique comment trouver Nick et j'ai failli faire demi tour tellement le coin était paumé, retiré de tout, introuvable. Enfin, je tombe sur des infames batiments, crasseux, disparates, disséminés sur un terrain vague.
J'entre dans le premier hangard et là, j'hallucine : Des dizaines de tones de pièces HD d'occasion s'alignent, une centaine de fourches, autant de cadres, des montagnes de réservoirs, de cylindres, de carters moteurs, pour toutes HD, shovel bien sûr mais aussi Pan, Knuck, sporsters et plein d'autres. Des centaines de roues sont pendues au plafond. Dans un coin, la collection personelle de Nick comprend une trentaine de HD d'avant guerre. Devant mes yeux de merland frits, Nick mort de rire me fait visiter les autres batiments où sont stockés pelle melle des moteurs, des boites, des carrosseries, des sacoches, par centaines.
Dans un atelier, cinq ou six mécanos remontent des motos. L'un d'eux fabrique un tricycle sur base softail pour un biker gravement handicapé. Nick m'a aussi vendu pas mal de HD, et des pièces dont il ne faisait pas cadeau du tout, mais introuvables ailleurs.
C'est le seul qui rechignait à voir les motos partir en Europe, car il considérait les vieilles HD comme une partie intégrante du patrimoine US. Nos rapports sont donc restés purement commerciaux. Mais bon, les billets verts sont des arguments irréfutables dans tout pays capitaliste.
J'avais écrit un article dans FreeWay sur cette incroyable casse Harley, étayé de photos. Le standard du journal avait reçu des tas d'appels pour obtenir les coordonnées de Nick, mais celui-ci m'avait demandé de ne pas les divulguer, car il se considérait comme bien assez occupé par ses client US. Mais si vous passez devant une pizzeria, sur la route ent Phily et Atlantic City, tentez votre chance... Heu, la route doit bien faire 200 bornes

Merci de vos encouragements. La solidarité motarde existe et probablement plus encore au sein du milieu HD.
Le deuxième servicar, je l'ai acheté en France, à un copain de longue date. Appelons-le Fred.
Je l'avais connu en lui vendant un merveilleux petit super glide, une série spéciale numérotée, dotée d'origine d'une grande décoration sur le dessus du réservoir représentant un aigle. La moto était dans un état exceptionnel, proche du neuf, et son propriétaire, qui l'avait achetée neuve, avait les yeux humides en la voyant partir. Je l'avais donc revendue à Fred pour qui c'était la première HD.
Fred est un garçon charmant et drôle, gros bosseur la semaine mais aussi un fêtard invétéré les week ends, grand grand buveur et peu respectueux de la mécanique, et encore moins de la carrosserie.
J'avais eu un choc en revoyant le shovel quelques semaines plus tard, réduit à l'état d'épave roulante. J'avais fait la gueule, mais après tout, c'était sa moto et on était resté en bons termes. Il a ensuite eu d'autres HD, qui, toutes finissaient mal.
Il pensait avoir trouvé une solution à ses problèmes d'équilibre (mis en péril par les bibines accumulées) en achetant un tricycle. Il en trouva un, de 1969, pourvu ces année là d'un démarreur électrique et le fit repeindre genre police US.
Mais les 25 ch du sept et demi à soupapes latérales rame pour tracter les 400 kg de la bête et Fred avait donc tandance à massacrer ce pauvre moteur dont la jupe du piston arrière explosa . Fred continua à rouler un moment sur une pate et demi, jusqu'à ce qu'il trouve un autre moteur, issu d'un WLA (moto de l'armée US en 39-45) à un prix dérisoir. Le moteur était supposé avoir été refait, mais Fred ouvrit pour vérifier et au remontage, oublia de remettre un clips d'axe de piston. L'axe commença donc à usiner le cylindre et le moteur perdait régulièrement de la puissance. Ecoeuré, Fred me revendit le servicar avec les deux moteurs cassés.
François (toujours lui...) me reconstruisit tout doucement d'abord le moteur d'origine puis me livra, pour mon aniversaire, le deuxième moteur refait, sur un joli support en tole, de sa fabrication. Ca fait une jolie décoration dans le salon, en attendant d'en avoir besoin.

Aiguillé par vos encouragements, j' va raconter l'hisoire de Papy.
Un jour débarque à mon local un jeune à la tête rasée. Il a 20 ans, s'appelle André et a pour projet d'organiser une traversée côte est-côte ouest des USA à 50 Harley. Il cherche quelqu'un pour s'occuper de l'achat des bécanes et assurer une partie de la logistique. Je trouve le projet et le garçon sympas mais j'ai un peu du mal à le prendre au sérieux et je lui explique que suis en pleine période de travail et n'ai pas bien le temps de m'occuper de çà.
Le lendemain arrive un type en costard et voiture de luxe qui s'appelle Claude et qui est le frère ainé d'André. Il m'explique que si André n'a plus de cheveux, c'est pas pour jouer les skin heads mais suite à la lourde chimio qui tente sans succès de le sauver d'un cancer. Il m'explique aussi qu'il est notaire et que sa famille a largement les moyens financiers et surtout la volonté, d'assumer ce qui sera probablement le dernier rêve d'André. Pendant que nous parlons, je remonte la carrosserie qui sort de peinture d'un très beau et rare Wide Glide Evo boite 4 et Claude me demande le budjet de la moto. Au moment de partir, il me lance :
- Au fait, pour le Wide glide, c'est bon.
- Qu'est-ce qui est bon ?
- Et ben je le prend. Je reviens le chercher samedi avec un copain.
- Ha bon... Mais... tuas le permis moto ?
- Bien sûr, depuis au moins 20 ans.
Je suis scié et je ne crois guère le revoir. Mais le samedi, Claude revient avec un chèque certifié et comme chauffeur, rien moins que Jean Pierre Goy, le très célèbre trialiste et cascadeur moto professionnel.
Claude s'intégre facilement à ma bande de potes et nous ferons plusieurs virées ensemble, où nous pourrons admirer son style de conduite, très pur et rapide. Aucun de nous n'arrive à le suivre alors qu'il n'a même pas l'air d'attaquer ! impressionant. Comme il appelle tout le monde affectueusement Papy, celà devient son surnom.
Touché par l'histoire d'André, je travaille sur son ambitieux projet pour une mise en place été prochain. André ne nous laissera malheureusement pas ce temps ! Effondré, Papy sombre dans la déprime et l'alcool.
Nous sommes devenus proches, son état m'inquiète et je décide de l'emmener à Sturgis pour faire un break et réaliser une partie du projet d'André.
Nous partons de New york que je lui fais visiter rapidement, parcourons les quelques 2000 bornes jusqu'au Sud Dakota et découvrons ce gigantesque rassemblement, bien plus authentique que Daytona qui n'est plus qu'une pompe à fric. Nous y faisons des rencontres géniales et passons vraiment du bon temps.
Ensuite, nous partons vers le sud est, traversons entre autres le sublime Wioming, débarquons par hazard dans une région indienne où nous decouvrons la triste réalité de ce que sont devenus les premiers habitants de l'Amérique.
Nous roulons sans réel itinéraire ni planing. Nous découvrons Detroit, Chicago, incurtion au Canada. A chaque fois nous faisons, dans les restaus ou les bars, parfois à striptease des rencontres certes superficielles mais enrichissantes et symptomatiques de ce pays si varié. Nous visitons l'usine de moteurs et le siège HD à milwakee, puis l'usine d'assemblage des motos à York, Pennsylvanie. Au début de la chaine, un gus accroche le cadre nu, à la fin, un autre gus appuie sur le démarreur et conduit la Harley sur le banc d'essais. Magique !!! Nous étions les seuls non Coréens du groupe de visite. Les ouvriers, presque tous bien typés Bikers ignoraient et même se moquaient des asiatiques et ne plaisantaient qu'avec nous.
Je pourrais en écrire des pages et des pages, mais vous avez compris que nous avions passé de jolis moments durant ce voyage.
Au retour, Papy n'a pas supporté de se redéguiser en notaire. Il a commencé par aller voir ses clients en Santiags et gilet de cuir, puis, très vite, il a bradé son étude et fait passer le permis moto à son épouse. Il lui a acheté un sporst et ils sont partis. Ils ont quitté la ville où ils avaient toujours vécu. Depuis, plus de nouvelle. J'ignore ce qu'ils sont devenus mais j'espère qu'ils ont trouvé leur place et qu'ils sont heureux là où ils sont.



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La suite....


Partie 5
" Une autre rencontre qui m'a marqué :
Suite à une PA, je vais voir une HD chez Mike qui habite à coté de Manhatan. On fait affaire, on arrose çà, Mike m'invite à dîner en famille. Bien cool, j'en ai marre des hamburgers et des pizzas.
A la fin du repas, je sens bien que Mike a quelque chose en tête. Il demande à sa femme :
- Ca te gène s'il vient avec nous, ce soir ?
- Non pas du tout. Allon-y !
Je m'inquiète :
- Aller où ?
- Tu vas voir, ce ne sera pas long et tu ne regretteras pas le spectacle.
Mike habite en bas d'une rue sombre très en pente que nous commençons à remonter à pieds. Au début, le sommet de la rue empèche de voir ce qu'il y a derrière. Au fur et à mesure que nous avançons, nous découvrons là haut, d'abord le haut des tours jumelles du World Trade center (hé oui, c'était bien avant 2001 !), puis le sommet de l'Empire state building et de la tour Chrysler. Et plus nous montons et plus Manhatan illuminé de tous ses feux apparait dans toute sa splendeur. Et le boudonnement plein de vie va aussi en s'emplifiant. Sublime, je suis estomaqué ! Je demande :
- Magnifique. Et vous faites çà souvent ?
- Je suis né dans cette maison, ça fait donc 40 ans que je le fais tous les soirs, quelque soit la météo.
- Sauf pendant les vacances !
Mike me regarde comme un extraterrestre :
- Les vacances ! Mais nous les passons ici, nous ne pouvons pas laisser la grosse pomme toute seule. Nous n'avons raté ce spectacle qu'une fois, pour l'enterrement du père de ma femme à Boston. Pouquoi irions-nous ailleurs ? Ici, c'est le plus bel endroit du monde. Et c'est chez nous.
On peut juger cette attitude de plein de manières différentes : de l'obscurantisme borné à l'idéalisation du rêve américain et chacun trouve son bonheur où il veut, mais l'attitude de Mike valait probablement quelques lignes.



Merci pour çà, mais ces rencontres, nous aurions tous pu les faire et ce n'est qu'une question de circonstances. Elles font probablement de moi une personne différente de celle que j'aurais été sans elles, mais c'est notre lot à tous. Nous piochons tous un peu dans ce que nos trouvons de meilleur chez les autres.
Ainsi, la rencontre avec Kate a été un joli moment.
Là encore, je téléphone suite à une annonce. Une voix féminine répond. Je demande à parler à la personne qui vend la moto. Kate, puisque c'était elle, me répond :
- Oui, c'est moi.
- Bon... Pouvez-vous m'en dire plus sur l'état de la Harley.
Kate me décrit précisément l'état de son Electra Shovel, incluant les détails techniques des entretiens et réparations récentes. Elle connaît parfaitement sa moto et la mécanique d'une manière générale. Ce qui est drôle, c'est qu'elle a une voix grave, extrèmement sophistiquée bien que très chaleureuse, un langage chatié et bien différent de celui des bikers new-yorkais. Je phantasme sur un physique à la Jessica Rabbit (ou à la Nicole Kidman pour les ignards...) Nous fixons rendez-vous devant un monument facile à trouver de la banlieue chic où elle habite : Elle se méfie probablement un peu du milieu HD et préfère ne pas me dire directement où se trouve sa moto.
C'est un lieu assez fréquenté et je cheche Kate quelques minutes. Une immence fille assez maigre, aux cheveux filasseux et très bizarement sapée m'aborde. C'est Kate. Je reconnais sa voix mais je dois faire un effort pour cacher ma déception.
Nous allons voir la moto qui est conforme à la description. Je lui demande si je peux démarrer le moteur, elle est d'accord mais le contacteur est vérouillé. Je lui demande la clé :
- Do you have the key, Kate ?
En anglais celà donne quai quette. C'est idiot, mais je jette un coup d'oeil amusé à Kate que celà surprend car elle n'a, évidemment pas compris. Elle insiste pour que je lui explique mon jeux de mots involontaire et polyglote. Celà achève de détendre l'atmosphère.
L'Electra me plaît mais elle est un peu chère à mon avis. Nous montons chez elle pour en parler. Nous nous mettons assez rapidement d'accord sur le prix et passons à d'autres sujets.
Kate est une fille facinante : Sculteur de mètier, elle a un certain succès et si elle est habillée ainsi, c'est parce qu'elle consacre bénévolement une partie de ses week ends à jouer la clown dans un hopital pour enfants.
En plus de sa Harley, elle a une Norton Comando et une Bultaco d'enduro. Ca fait beaucoup de sujets de conversations et nous y passerons des heures, comme de bons copains, juste en buvant du thé au lieu de bières.
Kate a marqué ma mémoire de son empreinte et je remercie ce métier qui me l'a fait rencontrer.

Tiens, une autre petite histoire :
Pour transporter les motos, j'achète à Richy son Van Ford Econoline. Il est superbe : noir, rabaissé, grosses roues chromées, marches pieds inox, grosses sorties d'échappement latérales pour le V8 5.7 l, des tas de petites lumières bleues en bas et oranges en haut et deux énormes trompes chromées sur le toit qui font un hurlement de klaxon de remorqueur. Il a deux réservoirs de 90 l chacun, mais l'autonomie n'était si impressionante : Je n'ai jamais réussi à descendre sous la barre des 30 l/100.
Il est équipé pour charger et caller facilement les bécanes et d'une sono de fous, avec booster, équaliser ... Il a 200 000 km et n'est donc pas cher. Je lui mettrai 100 000 de mieux en ne rajoutant que de l'huile.
Je me pointe à l'équivalent là bas de la préfecture (Motors Vehiculs Administration) pour l'immatriculer à mon nom. Comme ici, il y a une queue interminable mais l'ambiance est cool.
Quand vient mon tour, la fille, une petite Portoricaine rondouillarde, me demande mon numéro de sécurité sociale. Bien sûr, je n'en ai pas aux USA. Elle me conseille de traverser la rue et d'en demander un dans le bâtiment de la sécurité sociale. Là, une autre nana écoute mon histoire et me fait une carte de sécu avec, effectivement un numéro : 000 000 000 !!!
Je me dis que je vais me faire jetter, mais non, c'est parfait. Ce que j'ignore, c'est que, dans l'état de New York, le prix du Title (équivalent de notre carte grise) est proportionel au prix d'achat du véhicule. La fille me demande donc le prix et je lui répond :
- je l'ai payé six mille $.
- vous voulez dire six CENT $ !!!
- Ben non, six mille ...
Elle prend un air géné :
- Vous êtes étranger, vous parlez mal notre langue, mais pour un van de cet age, vous avez payé 600 $.
Je réfléchis un instant et comprend enfin qu'elle me tend une perche :
- Oui, vous avez raison, c'est 600 $ !!! merci d'avoir rectifié.
La fille me fait un clin d'oeil et me fait mon title et mes plaques.
Tout le monde trichait sur le prix d'achat et elle devait trouver injuste que moi, je paye plein tarif, parceque je ne connaissais pas la combine. Peut-être une solidarité entre non Américains.J'ai failli l'inviter à dîner pour la remercier et plus si affinités mais vraiment elle n'était pas envisageable, comme la grande majorité des femmes là-bas.



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