Sécurité routière : comment on fait pour faire baisser la mortalité

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Sécurité routière : le Délégué interministériel a rencontré la presse moto pour savoir « comment on fait pour faire baisser la mortalité »

Par PierreO, le 22 novembre 2011

Moto Journal et d’autres titres de la presse moto ont rencontré, mardi 22 novembre et à sa demande, le nouveau Délégué interministériel à la sécurité routière, Jean-Luc Nevache. Une discussion autour d’un repas — sans vin, bien sûr… — pendant lequel le remplaçant de Michèle Merli a expliqué ses priorités. Ce sont notamment les deux-roues motorisés, « sujet beaucoup plus compliqué et nuancé que ce qu’on en dit d’habitude, a-t-il d’abord constaté. Il n’y a pas qu’un type de deux-roues motorisé, mais le sujet n’est pas assez documenté ». Notamment à propos des scooters et des trois-roues, « sur lesquels il se dit des choses très différentes ».

De prime abord, voilà un discours constructif, pour tout dire inattendu, auquel la fréquentation des responsables de la Sécurité routière ne nous avait pas vraiment habitués jusqu’ici !

L’ancien préfet de Haute-Corse, nommé à la sécurité routière en juillet dernier, a ensuite interrogé : « Si je vous reçois aujourd’hui, c’est pour vous demander comment on fait. Vos articles ne sont régulièrement pas tendres avec les mesures annoncées [par les pouvoirs publics], mais comment on fait pour faire passer le nombre de tués à deux-roues motorisés de 1 000 à 500 par an ? Est-ce que vous êtes dans une posture de critiquer des mesures parce que ça fait plaisir à votre lectorat [sic !] ? Ou est-ce qu’on peut faire des choses ensemble pour améliorer la sécurité routière ? » Vastes questions…

Auxquelles les représentants de la presse ont d’abord répondu que le préalable est de mieux connaître l’accidentologie en France mais aussi à l’étranger — une demande récurrente, ancienne, mais… toujours pas satisfaite — histoire de ne pas imposer de mesures à partir de situations totalement incomparables et non “reproductibles” telles quelles (usages différents de la moto, météo, taille des parcs roulants, etc.). Surtout quand on sait que, rien qu’en France, le parc est vraisemblablement très sous-estimé ! « On peut dire que le thermomètre n’est pas bon, etc. A la marge, je suis d’accord, mais il faut qu’on fasse des progrès sur les équipements, sur le comportement », a réagi Jean-Luc Nevache. Qui annonce qu’une grande étude va être menée en 2012 auprès de 20 000 motards français sur le parc et ce qu’ils sont réellement. Mais, a-t-il aussitôt précisé, « je ne crois pas que la connaissance va invalider fondamentalement ce que l’on constate, notamment une augmentation des accidents ».

Voilà pour la tonalité générale de la rencontre que nous avons eue avec le Délégué interministériel à la sécurité routière. En vrac, voici quelques autres propos tenus par Jean-Luc Nevache :

- « Honnêtement, je ne suis pas loin de passer un quart de mon temps sur le dossier moto. »

- « Sur la formation 125, on est en train de modifier les choses. »

- A propos de la remontée des files, « actuellement, les sanctions, un peu aléatoires, sont vécues de façon pas très équitable, parce qu’elle [la pratique] n’est pas encadrée. On va voir ce que donne la modification de la réglementation en Belgique », pays qui a récemment autorisé la circulation inter-files.

- « J’ai topé pour prendre les plaques allemandes. Nous avons les plus petites plaques d’immatriculation en Europe et elles sont illisibles par les radars, tout le monde le sait. »

- « Sensibiliser les automobilistes à la réalité du deux-roues motorisé, c’est un vrai sujet. L’idée de faire une sensibilisation des automobilistes aux deux-roues motorisés, pourquoi pas. »

- « Dans les instructions que je vais envoyer aux préfets pour l’établissement des PDASR [Plans départementaux d'actions de sécurité routière] pour 2012, je vais demander qu’ils axent leurs efforts sur l’alcool et les deux-roues motorisés. On met 10 millions d’euros sur les PDASR. »

- « L’image qu’ont les motards auprès des automobilistes est catastrophique. On est dans une logique d’affrontement et plus du tout dans des logiques de partage de la route. Il y a un vrai problème de reconquête de l’opinion automobile par les motards. »

- « Le confort et la sécurité, ça ne va pas forcément dans le même sens. On n’aime pas les vélos en contresens, mais ça fait ralentir. »

- « Les motards français sont beaucoup moins équipés que les motards dans les autres pays. A un moment, il va bien falloir qu’on passe à une obligation de porter des gants, d’un pantalon protecteur et de bottines. »

- Le prix des équipements, trop élevé, « est un vrai sujet. Il faut qu’on travaille sur ce point avec les équipementiers, les revendeurs ».

- « Le contrôle technique pour les cyclos [normalement prochainement prévu] est reporté. »

- « On est train de travailler sur les propositions de la Mission parlementaire sur la sécurité routière [récemment rendues]. Il y a pas mal de choses intéressantes. Vous en saurez plus très bientôt. »

- « Je vais encore vous [la presse moto] demander un truc : dans les illustrations de vos journaux, dans les essais, si vous pouvez présenter des gens avec des équipements aux normes (stickers réfléchissants sur le casque, etc.) et qui ne font pas de wheelings, ce serait un premier pas dans une pratique responsable. »

Pierre Orluc

Souce: Moto Journal