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Chronique : La ch'tite vis chromée au fond du carter II


Messages recommandés

Un peu de lecture pour le ouikènde...

Les vieux schnoques du forum se frottent déjà les mains à la lecture du titre de cette kronik. Car oui ! On va re-causer tiouning.

TiouningAh ! le tiouning ! Corollaire du Marlon-Brandisme, pierre d'angle de la "passion" motocycliste. Rares sont les magazines moto à y échapper. Car le tiouning rampe et s'insinue partout comme une créature Lovecraftienne de cauchemar. Ses tentacule gluantes enserrent et étranglent les pages "shopping", il vomit sa mixtion épaisse dans d'entières publications, croupit au grand jour dans des catalogues spécialisés, gangrène les comptoirs des concessions. Nul n'est à l'abri ! Le péril guette chacun de nous ! La bête immonde marque de son sceau infamant les plus naïfs, les plus faibles. Ce monstre à la soif inextinguible ne laisse derrière lui que cartes de paiements sanguinolentes et crédits à la consommation éviscérés, démembrés.

Et maintenant, une page d'histoire...

Le tiouning plonge ses racines au plus profond de l'Antiquité. Certains témoignages dignes de foi (Pline L'Ancien, Anachréon de Capadoce et même la Bible (1) y font référence) accordent la paternité de cette pratique à un certain Yapad Chi Khan Amon Remus, qui, le soir de la bataille de Polystirène, accrocha sur son char la tête de deux ou trois ennemis vaincus histoire de se la péter auprès des confrères et de leur démonter que lui, au moins, était un Homme, un vrai, avec des têtes décapitées sur son deux-roues. L'exemple fit florès, et les conducteurs de chars prirent l'habitude d'orner leur char de diverses parties anatomiques humaines prélevées sans anesthésie, histoire de rigoler un coup après un bon massacre. Leur hiérarchie édicta en pure forme quelques vagues directives quant à la disposition des dites parties anatomiques, lesquelles devaient être écartées pour d'évidentes questions de pudeur ou de facilité de nettoyage des chars par la suite. Mais dans le fond, elle approuvait pleinement cette saine pratique qui d'une part renforçait l'esprit combattif des équipages, et d'autre part entretenait une saine ambiance de compétition entre ces mêmes équipages.

Tombé en désuétude lors de l'abandon des chars hippomobiles dans l'art de la guerre pour d'obscures raisons de restrictions budgétaires, le tiouning réapparaît lors de la Première Boucherie Mondiale sur le flanc... des aéroplanes. La médecine, le mouvement hygiéniste de la fin du XIXe siècle et quelques considérations liées à l'aérodynamique ajoutées à des écueils purement pratiques (pas facile d'aller décapiter un pilote ennemi quand celui-ci a l'indélicatesse de finir inextricablement emmêlé dans l'épave de son avion écrasé au beau milieu d'un champ de mines ceinturé de barbelés) firent que les pilotes se contentèrent de peindre sur la carlingue de leurs appareils des petits fanions représentant autant d'avions ennemis abattus. Toujours dans l'optique de s'en payer une bonne tranche après une journée de dur labeur et de se la péter auprès des petits jeunes qui débarquent. Ah ! On savait rire en ce temps-là !

La tradition se perpétue durant le Second Massacre Planétaire, et l'on voit fleurir -selon la couleur de l'uniforme du pilote- croix gammées ou drapeaux rouge et blanc sous le cockpit ou petits traits de peinture assortis d'une date sur la dérive. Absolument charmant. Les sous-mariniers, plus timides dans leur approche, se contentaient de petits fanions blancs où sont peints des chiffres en noir -parfois simplement à l'huile de vidange, ce qui illustre d'une part les précaires conditions de vie à bord, et d'autre part le manque d'inspiration des hommes de mer -n'est pas Homère qui veut.

Le Mouvement Motard, qui renaît de ses cendres à peu près au moment où reprennent les approvisionnements en carburant, n'entend pas être en reste. Subjugué par l'impeccable prestation de Marlon Brando dans L'Equipée Sauvage et son trait de génie quand il accroche au phare de son terrible engin un trophée hautement symbolique, Motardus Simplex se pique lui aussi d'affubler sa machine de colifichets divers. Les scooteristes, alors à la pointe du progrès, multiplient les rétroviseurs comme autant de lances symboliques hérissant leur char de combat. Hommage subtil à l'utilisation centenaire d'armes à énergie cinétique, certains accessoiristes dotent d'un boulet de canon de petit calibre un ingénieux dispositif de stabilisation de certains scooters(2). Côté moto, l'évolution reste assez timide pendant plusieurs années, mais Motardus Simplex, encouragé par le succès de ses premières tentatives, améliore ses suspensions, les capacités de chargement ou la monte pneumatique. Plus téméraires, des sujets de Sa Gracieuse Majesté... heuh... des Rozbif, hein, pas des participants à la Gay Pride -suis un peu, c'est gonflant à la fin, quoi !

Plus téméraires, disais-je donc, des sujets de Sa Gracieuse Majesté, avec la complicité de quelques sorciers oeuvrant au fond d'ateliers ténébreux d'où s'échappent les odeurs mélangées de métal porté au rouge, d'huile moteur et de boisson alcoolisée à base d'orge et de houblon, forgent des pièces moteur. Dans la lignée de la tradition tiouninguesque, leurs "Commandos" se voient équipées de moteur "Combat". Leurs carburateurs sont baptisés "Aigle Hurlant". La "Veuve Noire" fait la loi sur la route. Têtes de mort et croix diverses (celtiques, de Malte, de Saint-André -la croix gammée levogyre ayant depuis quelque temps mauvaise presse, elle sera rarement retenue) fleurissent sur les blousons ou les réservoirs. Les cartes à jouer auront elles aussi leur heure de gloire, dans un film à fort taux de testostérone de la plus pure tradition hollywoodienne. Une constante demeure : presque tous libèrent de leur geôle potdéchappementesque d'infortunés Décibels, pour le plus grand plaisir des insomniaques et des enfants en bas âges. Bref, c'est le pied.

Zliouuuuuiiippp ! (3)

Nous voici au crépuscule des années Tapie-Mitterrand. Le politiquement correct a sonné le glas des références belliciste -paix dans le monde oblige-, et le tiouningue se définit plus volontiers sous l'angle de la "personnalisation". Car dans nos sociétés où les êtres humains sont ramenés à des séries de chiffres (du numéro de Sécu que l'on te tatoue sur le derche dès ta naissance sans te demander ton avis au numéro d'emplacement de ta concession au cimetière), Motardus Simplex entend sortir du lot et affirmer sa "personnalité". Et cela tombe bien, car Marketoïdus Rex a dans sa manche de quoi le satisfaire, moyennant paiement d'un tribut adéquat.

Dans la lignée des véhicules mythiques, où l'on retrouve des légendes comme le Char Hippomobile An 74 Spécial "Bataille des Thermopyles Replica", le Spad Mark 5, le Messerschmitt 109 G-4D et la Harley-Davidson Softail 1200 Heritage Panhead Springer Deluxe Fatpipe Hemi R/T Anniversary Edition Custom, apparaît sur le marché la moto de tous les superlatifs : la V-Max. Intemporelle, inconduisible, incontinente, inabordable, inassurable, inusable, infrasonique, inaltérable, inarrêtable, incarderouge V-Max ! C'est ici que les limites de la pourtant riche langue française sont atteintes et dépassées tant les mots manquent au rédacteur pour tenter de décrire cette création divine, son moteur extirpé de la fournaise originelle, son couple à entraîner des galaxies, son esthétique à éclipser des pulsars, ses clignotants à oblitérer des novas...

Elle est adoptée immédiatement par la fine fleur des rebelles du bitume : 48% des courtiers en bourse, 16% des diplômés de HEC, un étonnant 2% d'experts-comptables (qui a dit que la profession manquait d'humour?) et la quasi-totalité des directeurs artistiques des agences de publicité constituent le gros de ses afficionados. Des batailles rangées opposent, sur le seuil des concession Yamaha, yuppies de la première heure et fils de pub disciples d'Attali, avides de signer les bons de commandes.

Puisant dans l'insondable catalogue de pièces détachées spécialement créées pour l'engin (merci Marketoïdus Rex), ils se fendent d'un petit saute-vent siglé V-Max, du fameux kit V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, du fameux kit V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, du fameux V-Boost, de l'élégant saute-vent siglé V-Max, du fameux V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, du fameux kit V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, du fameux kit V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, du fameux V-Boost, de l'élégant saute-vent siglé V-Max, du fameux V-Boost, du saute-vent siglé V-Max, du fameux kit V-Boost, du petit saute-vent siglé V-Max, et parfois même, comble de l'originalité personnalisative, du fameux V-Boost et du petit saute-vent siglé V-Max.

Cette phénoménoligie sociétale(4) bouleverse tout le paysage motardesque, et pas seulement français. Les villes résonnent désormais du rugissement des pots Kerker, Vance, ou Supertrapp, les chromes rutilants(5) éclipsent le soleil, les pneus de 160 (160 !) mordent l'asphalte.

Mais hélas, cette période bénie prend brutalement fin en 1987, quand la chute du fonds d'investissement LTCM
entraîne le suicide d'une bonne partie des yuppies de la City et de leurs avatars parisiens(6), et donc de la majorité de la clientèle de la V-Max, qui ne fut plus, par la suite, qu'anecdotique.

Reste que le vente de Liberté qui souffla pendant la période fit des émules, et la disparition tragique de la V-Max ne resta pas lettre morte. Dans le sillage de cette dernière s'élancent GSX-R, Stinger, CBR et autres FZR dont les plastiques appellent -que dis-je appellent ? Exigent !- une personnalisation poussée. C'est l'époque glorieuse des pots "NH", des autocollants, des peintures à l'aérographe représentant (au choix) un chien-loup sur fond de ciel étoilé, ou une pépée à moitié à poil sur fond de ciel étoilé -les plus audacieux auront un chien-loup et une pépée à moitié à poil sur fond de ciel étoilé, des clignotants "goutte d'eau" et des pare-carters Bottelin-Demoulin.

Eternel recommencement

Las ! Toute période heureuse a une fin, et l'extrémité du XXe siècle sonne le glas de cette époque bénie où le bon goût rivalisait avec les décibels. Tué par un resserrement des normes antibruit et par un certain malaise suite à la découverte que la peinture à l'aérographe tuait des bébés-phoques sur la banquise amazonienne, le tiouning vit en ce moment une période de marasme dont on doute qu'il puisse se relever un jour.

Après l'exubérance des années 80 et 90, la première décennie du XXIe siècle est en effet marquée par une montée en puissance franche et massive(7) des normes et autres Directives européennes, soucieuses de protéger les bébés-phoques sus-mentionnés. Le marché de l'accessoire moto se meurt, étouffé par le consensuel et le banal. L'ablation des bavettes arrières (sans anesthésie, même locale : la Ligue de Protection des Bavettes Arrière d'Origine mène d'ailleurs un campagne d'intense lobbying à Bruxelles pour bannir cette manie barbare) se pratique désormais en catimini, dans des officines honteuses qui se cachent derrière des sociétés-écran situées dans des paradis fiscaux. Les clignotants "goutte d'eau" sont impitoyablement pourchassés par les Brigades de la Bonne Clignotance. Rizoma, ce dernier bastion de la rebellitude par le bidule chromé taillé dans la masse, ne survit que grâce aux souscriptions lancées par quelques résistants pour faire face à l'avalanche de procès dont fait l'objet la firme, et notamment les plaintes pour "tarifs exorbitants au kilo" et "insulte au bon goût". La plus perfide, lancée aux Etats-Unis, s'intitule "oh, no, not again !". Bagster a dû solliciter une aide d'urgence auprès de la BCE(9), Akrapovic a vu la note de sa dette extérieure dégradée de A+ à BBb-. Même Accessoirement, le célèbrissime catalogue, ne circule plus que sous le manteau, et uniquement dans les milieux autorisés -que l'on reconnaît, donc, à leurs grands manteaux où ils peuvent faire circuler plein de trucs utiles mais néanmoins prohibés.

La Commission Européenne, cette traîtresse à la cause des Peuples, planche depuis peu sur une Directive applicable sans délai et surtout rétroactive qui interdira purement et simplement toute modification sur le moteur, l'échappement, la partie-cycle ou la carrosserie d'une moto. Toutes les vis et boulons seront scellés en usine, et leur démontage ne pourra se faire que dans des concessions agréées disposant du matériel nécessaire pour la repose des sceaux d'inviolabilité sur lesdites vis. Les contrôles seront impitoyables : tout contrevenant sera déchoyé... déchufié... heuh... déchiré de sa nationalité française (surtout les Belges).

Les Cassandre prêtent même à Bruxelles l'intention d'uniformiser la couleur des véhicules à moteur, qui devront afficher une couleur jaune fluorescente, au prétexte d'en améliorer la visibilité. Ce jour-là, c'est une partie de nos Libertés Fondamentales qui disparaîtront. Car comme l'a dit Benjamin Franklin : "le Peuple qui jette son blouson noir pour un gilet fluo sous prétexte de visibilité n'aura ni l'un, ni l'autre, et fera de la bécane en T-Shirt, ce qui est ballot sous la flotte en plein mois de février".

Yapad Chi Khan Amon Remus n'aurait pas dit mieux.



(1) avec un bon logiciel, on fait cracher à la Bible à peu près n'importe quoi, de la prédiction des attentats du 11 septembre à la recette de la barbe à papa lyophilisée sans sucre : super-pratique.

(2) là, je n'invente rien : j'ai lu ça ya des années dans l'essai -de mémoire- d'un Lambretta dont le pare-choc arrière comportait une boule métallique coulissante de deux ou trois kilos chargée, selon le constructeur de cet accessoire, de "stabliser" ce véhicule hautement casse-gueule en virage. Son efficacité reste encore aujourd'hui à prouver, mais l'important c'est d'y croire, n'est-ce pas ?

(3) heuh... ça, c'est le bruit d'une bande magnétique qu'on avance à vitesse rapide. Premièrement, c'est un intertitre qui claque, et deuxièmement ça me rappelle que la génération élevée avec des baladeurs MP3 sont incapables de savoir à quoi je peux bien faire référence, puisque la musicassette a totalement disparu des linéaires et ne sert plus guère qu'à encombrer les décharges sauvages de leurs fins serpentins couleur de rouille.

(4) le journaliste lambda, lui, se contente bêtement de "phénomène de société" quand il doit écrire sur un sujet insignifiant auquel il ne comprend rien.

(5) une expression parfaitement débile, puisque "rutilant" signifie en latin "teindre en rouge". Donc un chrome "rutilant" revient à dire qu'il est de couleur rouge.

(6) on peut toujours rêver, non ?

(7) ouais, ouais, moi aussi je peux écrire comme un journaliste qui a récupéré son dictionnaire de langue française dans Pif-Gadget.

(9) J'ai appris 3 semaines après avoir écrit ça que la holding qui possède Bagster s'est placée en redressement judiciaire. Je porte la poisse ou quoi ?

Tu auras remarqué qu'il n'y a pas de note n°8, parce que 8 ) est un smiley, et après plus personne n'y comprend rien. C'est subtil, l'informatique, des fois.


Source : http://www.lerepairedesmotards.com/chroniques/kronik-tiouning.php
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