Moto Tour 2010

[DrDenfer 0]

Flash-Back:
Depuis pas loin d'un mois, la tension était à son comble entre les contrées d'Ardèche et du Var. D'un côté le rouge et la tome de chèvre, et de l'autre le Ice Tropez et la ratatouille. Tout opposait ces pays. Seule la façon de lutter était la même, à grands coups d'arsouilles. Depuis pas loin d'un mois, le chevalier AskO astiquait sa moto, la préparait pour la course. Vis freinées, gomme tendre, plaques numéros... il allait être la plus belle pour aller arsouiller. De mon côté, en territoire d'Ardèche de mortecouille, j'avais bien quelques frissons. L'animal me téléphonait régulièrement, pour me rappeler qu'il connaisait la route de la spéciale de Mazaugues sur le bout des doigts. Qu'allais-je faire sur ce tracé qui m'était inconnu? Comment me lancer sur cette petite route piégeuse à plein régime sans échapper mon fidèle destrier? Telles étaient les questions qui se posaient.
Tous les week-end, je décidais de rouler dans mes montagnes, sur des routes qui m'étaient plus ou moins connues. Je savais que le duel allait se dérouler sur le billard du Castellet, mais aussi sur les graviers de Mazaugues.
Je décidasse de chausser ma Hornet en BT 014, peu coûteux. Heureusement car je constate aujourd'hui qu'ils seront HS avant la barre des 1000km. Tout comme le chevalier AskO, je freinais mes vis, et installais mes plaques numéros. Après avoir remplacé le liquide de refroidissement par de l'eau, la moto était prête pour l'arsouille.

Ici commence l'histoire du team MKT au Moto Tour:
Le Jeudi 30 Septembre en fin d'après-midi, je partais avec mon coach & team-manager Phénix en direction du Var. Xsara Quadriturbo (l'ex à Loeb) chargée de matériel, avec remorque et moto, filait entre monts et vallées. Noux arrivions dans la soirée chez AskO, et constations que la Street 675 était rutilante et parfaitement préparée pour l'épreuve. Après une bonne nuit de repos, je me levais avec AskO de bonne heure le Vendredi. En effet, à midi avaient lieu les vérifications techniques. En bon chevalier (mais après moultes revendications tout de même), AskO m'emmenait sur la route de la spéciale de Mazaugues pour que je puisse y rouler au moins une fois. Il faut dire que j'étais vraiment trop angoissé à l'idée de devoir lacher la cavalerie sur une route piégeuse que je ne connaisais pas. Une fois sur place, j'ai bien essayé de mémoriser les 4km de piste, mais c'était peine perdu. Impossible en un passage. Je me suis donc contenté de me rappeler de quelques points stratégiques, comme la première épingle très serré peu après la ligne de départ, ou encore ce bout droit qui se négocie plein gaz, chicane y compris, jusqu'à arriver sur une petite bosse qui fait décoller la moto à plus de 150. Impressionnant! Malgré tout, j'étais bien plus serein après avoir pu faire cette spéciale une fois avant le jour J. Avec AskO, nous partagions notre trac! Lui l'avait plutôt pour le Paul Ricard, et moi pour Mazaugues!

A midi il était temps de faire les vérifications techniques avec le commissaire FFM. 12h30 pétantes, nous étions au RDV. Mais le contrôle n'a eu lieu qu'à 17h... c'était vraiment très mal organisé. Et pour ceux qui voudraient tenter l'aventure, attention de préparer la moto comme il faut, voir même plus! On nous a demandé de rajouter des choses à la dernière minute, une grosse galère! Le commissaire est même allé jusqu'à me faire boucher avec du liège la pédale de frein du Hornet qui est un tube... il était vraiment pénible, et tout le monde était déçu de ça. Enfin, le principal, dans la soirée, nous avions nos numéros de course!

Samedi matin, direction le parc coureur. Dans le groupe, Will de M&M et Serges Nuques! On a même aperçu Laurent Cochet de Moto Journal (voir vidéos sur Youtube). Avec AskO on se disait que ça valait bien la peine de faire toutes ces démarches du coup! On a été escortés à travers Toulon par la Gendarmerie pour rejoindre le circuit. Un des meilleurs moments de ce Moto Tour: suivre Serges Nuques déchainé sur son FZ8 et "arsouiller" avec lui! Génial! Il sautait les dos d'âne comme avec une machine d'enduro, faisait des travers, etc... un gendarme a même fini par aller le calmer! Déchainé! Et toujours aussi abordable et sympathique.


Partie II du CR:

Malgré toutes ces péripéties durant la Montée du Bausset, nous avons quand même fini par arriver au circuit sans encombres. La gomme était toutefois bien chaude en haut de la côte... dommage, il nous aurait quand même fallut des couvertures chauffantes vu que nous sommes restés à attendre un bon bout de temps dans les stands du Castellet! Le Castellet... mythique! Nous allions enfin poser nos roues sur ce ruban de bitume, délimité par d'étranges bandes bleues et rouges. Après avoir rajouté un peu de scotch sur les optiques, nous montions sur les bâtiments du circuit pour voir les autres séries rouler. Première constatation: nous allions partir en départ arrêté, en ligne, comme en grand-prix! Cela renforçait mon excitation, et faisait suer le Chevalier Varois à grandes gouttes...

Une à deux heures après notre arrivée, il était temps d'enfiler à nouveau les casques, pour un tour de reconnaissance en présence de Philippe Monneret. Des très très grandes courbes, un virage assez technique, et une seule partie lente avant la ligne droite des stands. OK. Tous en grille. Un tour de chauffe à allure preskafond. Et puis positionnement en grille. Max est juste à ma droite. Tendu comme un string. S'agissait pas de louper son départ, y'avait des gros moteurs derrière lui. Quand à moi, c'était plutôt cette Honda 650 NTV juste devant moi qui me faisait soucis. Allais-je poser ma roue avant sur son GB arrière après un départ canon en wheeling? Je regardais de quel côté étaient les motos les moins puissantes derrière moi et je choisissais la stratégie de déboiter immédiatement, en plein cirage d'embrayage, moteur hurlant.... Nous y sommes, vivons cette course depuis l'intérieur d'un Shoei XR 1000 Kagayama, visière CX1V fumée.

"Les 5 feus rouges sont allumés. Les moteurs hurlent. Je sens trembler un 1200 Multistrada derrière moi. Mais je sais aussi que mon petit quatre-cylindres est en pleine forme et qu'il sera démonstratif sur un 0 à 100... Malgré une masse corporelle plus en phase avec un 1000 . Moteur à 7000 trs/min, ni trop haut pour pas que l'énergie parte dans l'embrayage, ni trop bas pour que la puissance soit suffisante. Top départ! Feu vert! Fucking Full Gaz in the engine! Alors que je monte les rapports un à un, je constate que je me suis éloigné du NTV sans problème, et que seul deux concurrents sont devant moi au premier freinage (je suis parti 6 il me semble). Je m'étais bien dis "tranquille pépère, au moins sur les deux premiers tours, etc, etc..." mais l'arsouille est inéluctable! Mon moteur donne tout ce qu'il a dans la ligne droite qui suit les deux premières courbes, mais je me fais déboiter par un 675 Daytona et une Ducati S4. Trop long ce bout droit! Tout au bout, au moment du freinage, je fais confiance en ma partie-cylce et négocie ce grand droit sans trop ralentir, et en remettant la poignée dans le coin au plus vite. Dans le sinueux qui suit, je sens que je gagne du terrain sur le peloton de tête. Au moment de boucler le premier tour, je suis derrière la 675 Daytona, un Superduke, la S4 et une Benelli 1130. Je ne connais pas le circuit mais je roule aussi propre et fort que je peux, tout en constatant que je ne pourrai rien faire contre les motos qui me précèdent, car elles me déposent dans la ligne droite. Peu après, le pilote de la Benelli chute. Je suis donc 4. La course se tasse, pas grand monde derrière moi, jusqu'au drapeau à damier."



Plein gaz pour le Chevalier Varois en entrant dans la ligne droite; il fait tout pour s'accrocher au guidon et lutter contre l'infernale puissance de son moteur, quoique pas en pleine forme car il tournait sur 3 cylindres...


Juste avant de me faire déposer par ces deux poursuivants dans la ligne droite!


Voilà, le drapeau à damier est passé, ouf! Première étape du Moto Tour, OK! Surtout que j'aperçois au loin, peu après la ligne d'arrivée, le Chevalier Varois! Mais! Il m'a doublé sans que je l'ai vu?! Que s'est-il passé!!?

La suite au prochain épisode...


Partie III du CR:
Alors que je souffle un bon coup après ces quelques minutes sous tension à vive allure sur le Castellet, je rattrape AskO peu avant l'entame de la ligne droite du circuit. L'occasion de se tirer une bourre dans le bout droit, donc! Et de constater que nos deux motos ont une santé quasi-équivalente. Nous quittons la piste, et le chevalier Varois sait qu'il va devoir envoyer du gros à Mazaugues, car je viens de lui prendre un tour au Castellet. Noux pointons ensemble au check-point, puis nous partons pour la liaison.
Peu de temps après, nous voilà au départ de la spéciale de Mazaugues. Les motos attendent, en file. Les départs se succèdent, toutes les 30s. Notre équipe de choc arrive avec quelques ravitaillements culinaires. De quoi se requinquer un peu avant le sprint.
Maxime se place juste devant moi. Le voilà maintenant sur la ligne de départ. Le compte à rebours débute, et le trois-cylindre est dans les tours, câble d'embrayage tendu comme un string. TOP! Le voilà parti! De mon côté, je suis déjà bien concentré, car dans 30 secondes c'est mon tour.
Commentaire in-board:
"Le compte à rebours défile sur le panneau d'affichage, un commissaire de piste me tient le bras gauche, comme s'il prenait ma tension. Je me rappelle de mes essais de départ de la veille: moteur calé à 7000 trs/min, embrayage à la limite d'accrocher. 5,4,3,2,1... FEU! Ca y est, c'est parti! Je décolle bien, un gauche rapide, puis quelques virages où ça passe presque tout droit en trajectant bien. J'arrive dans un droite qui n'en fini plus de se resserrer! Mer**! C'est l'épingle! Je l'avais oubliée! Je rentre trop large, mais je réussi à remettre la 1 et je ressors vite. J'aperçois du coin de l'œil notre équipe de choc sur le bord de la spéciale! Cirette d'embrayage et je passe devant sur la roue arrière! J'entends les cris de rage de Jo: "Mets du GAZZZZZZZZZZZ bordeLLLLLLLLLL!!!" Et je l'écoute:
Je négocie pas trop mal les virages suivants, sans oublier que c'est piégeux avec de mauvais raccords de bitume. Voilà ensuite une petite descente rapide, très rapide! Sur une bosse la moto décolle mais reste bien en ligne! Ensuite en haut d'une côte un virage impressionnant en aveugle, qui donne sur une descente. Je me rappelle de cette partie là, et je sais qu'ensuite c'est deux bouts droits séparés par une chicane, et qu'il faut rester plein gaz tout le long en trajectant! Ligne droite, chicane, ligne droite, je suis maintenant en 3 à haut-régime et la moto va vite, très vite. Ensuite, "la bosse"
"Concentre-toi tonton, concentre toi! Et coupe pas les gazs!"...
Ça passe à fond, la moto décolle des 2 roues, aux alentours de 150 km/h sur une route étroite... impressionnant! Ensuite je suis brouillon sur la dernière partie de la spéciale, je cherche la ligne d'arrivée! Je n'attends plus qu'elle! La tension est au maximum! Je compte les virages, ça devient dur nerveusement. Enfin, la voilà! Dès que je la passe, je hurle dans mon casque! Incroyable! C'était le panard total! J'ai adoré! Quelle montée d'adrénaline!"
En arrivant au check point, le chronométreur me dit que j'ai fait un bon temps, confirmé par un gendarme à côté

Je rejoins Max, qui m'attend un peu plus loin. Il me demande mon chrono, je lui annonce et il ne me croit pas. 30s nous sépare sur un parcours où le temps moyen est 2'30. Le chevalier Varois était confiant sur cette spéciale, et il est maintenant dépité. Il sait qu'il devra maintenant venir prendre sa revanche sur les terres de la MKT. Etait-il trop nerveux pour aborder cette spéciale? Parait-il qu'il était plus rapide en reco, ... et qu'il y avait trop de vent le jour de la course!

Bref, le plus important, nous sommes tous les deux au point d'arrivée avec nos motos en état de marche. Nous filons direction le parc coureur.

Et là, nous prenons un rythme qui ne convient pas du tout à la liaison. Nous restons quand même groupés. En arrivant au parc coureur, nous pointons hors-timing, avec beaucoup de retard, et prenons une pénalité monstrueuse (quelque chose comme 30s). Bah, c'est dommage, mais bon, pas grave, on est là pour s'amuser. Et on sera moins tendu demain pour le final, l'ascension du Mont Faron...

To be continued...