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Le billet d'humeur du dous breiz atav [13/11/05]


Messages recommandés

Du Marie (Chez Marie)


C’est une porte en bois vitrée basse et large. De l’extérieur, l’intérieur paraît très sombre.

Marie est une institution, elle a vu grandir tous les gamins du bourg, du Izel et du Uhel jusqu'au pontic, connaît tout le monde et sait tout sur tout le monde.

C’est le genre de bistrot ou vous aurez pas de boissons « sofissiké » comme dis marie, si tu bois pas d’alcool c’est que tu bois du coca ou de l’orangina. Marie avait bien investi il y a quelques années dans une machine à Tropico, mais pour ce qu’elle servait…

Quand tu vas chez Marie, breton et français se mélange, donnant des conversations dures à suivre pour le touriste courageux ayant poussé la porte pensant y trouver quelques souvenirs, carte postale, ou autres aubaines que seul lui est capable de découvrir et que personne n’est venu chercher avant lui…
Demat Marie !
Demat Bihan ! Comment va, ta femme ha bugale ?
Itou memestra…
Ur bannac’h z’po ?
Une bière marie mar plich
Voilà voilà, tu veux un verre ?...
Trugarez, non non, c’est bon je la bois comme ça…

Marie est native du pays, elle ne l’a quitté que pour allez à Morlaix ou à Brest quand l’administratif l’y obligeait. Fille d’un des plus gros éleveur et propriétaire terrien, Marie à toujours refusé de se marier avec celui que ses parents voulait lui imposer afin d’augmenter le capital…. Alors Marie est restée jeune fille jusqu’à 44 ans. Libre de vivre sa vie, l’employé de ferme qui lui faisait les yeux doux aux Kermesses et foires a accepté de s’unir à elle par les liens du mariage, mais à cette époque, Marie emprunte de religion et de règles bretonnes ne se considérait plus en âge de profiter de la vie, alors ils n’ont jamais eu d’enfant…

Légèrement tordue par les années, Marie est grande d’au moins 1,40 m et son comptoir d’1,20 m, alors ce petit bout de bonne femme, derrière son formica vous regarde souvent en levant la tête de côté… Marie à un tique, elle se frotte souvent les mains ce qui lui donne un air D’arpagon à la Defunes mais ne lui dites pas vous auriez des ennuis….
Chez marie y’a deux tables, une petite rectangulaire coincée sous l’escalier, on y lit le journal du jour d’hier, d’avant-hier, enfin tant qu’elle n’a pas d’épluchure à faire, Marie garde les journaux, alors si vous avez loupé quelque chose, vous avez la chance de le savoir plus vite chez Marie qu’à la rédaction du télégramme.

L’autre table est grande et ronde et près de l’âtre de la cheminée… on y joue au carte et y’a souvent un tad kozh (grand père) assis sur une chaise en bois devant un ballon de rouch’ appuyé sur sa canne le béret vissé sur la tête…

Comme Marie est toute petite, il est pas rare qu’elle demande aux clients d’attraper les bouteilles sur l’étagère.

Chez Marie, la pièce est austère, il est vrai qu’on y lit les années de feu dans la cheminé, le plafond teinté d’au moins 40 ans de fumée de gauloises et de gitanes. Le formica du comptoir lui n’a plus de motif et des années de coude posé l’on usé jusqu’à l’aggloméré, le ciment au sol dessine le parcours des client des tables au comptoir jusqu’à la porte.

Y’a pas de toilettes chez Marie, mais le mur de derrière n’est pas près de voir pousser un brin d’herbe…

Quand les bonshommes traînent de trop, il n’est pas rare de voir Marie les mettre à la porte à coup de balai, Mais quand Marie voit la femme d’un de ces petits vieux débarquer chez elle, elle leur rappelle « délicatement » qui est la maîtresse de maison…

Quand y’a la foire ou un tournoi de foot, Marie ouvre toujours, la buvette est souvent à 50 mètres sur la place, alors il est pas rare de voir un mouvement régulier de chez Marie à la buvette et de la buvette chez Marie. Pour les résultats de foot, de toute façon ils seront affichés…

La dernière fois que je suis allé chez marie ? Oulah…. Cet été… En tout cas malade avec les palourdes au repas du soir…

Marie avait la licence IV, elle ne l’a plus car elle n’est plus en activité… Elle n’a plus le droit d’exercer ? Ha bon… De toute façon ça n’intéresse personne de savoir si elle a le droit ou pas, et ne vous avisez pas de poser la question, il se pourrait que ce soit les clients qui vous montre la porte…

Quand on était môme, Marie faisait celle qui ne nous voyait pas quand on allait chasser les lapins dans ses champs, mais aujourd’hui elle sait nous le rappeler. Si marie avait touché un franc à chaque secret…

Je ne fais pas l’apologie de la boisson mais Marie est une institution et surtout le dernier pseudo commerce de notre commune. Quand Marie fermera définitivement ses portes, c’est qu’elle aura rejoint son père et sa mère dans le petit cimetière ceinturant l’église…


Allez Kenavo, ar wech all
Bébert an dous breiz atav
Trizek a viz miz du daou vil pemp
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pouic

Cela me fait penser au même style d'établissement qui existait en ville close à Concarneau.

Chez Alphonsine, ( 'sine pour les intimes )

A la grande époque, ce bar était ouvert à tous ( même aux doryphores Laughing ), mais sur la fin c'était le rendez-vous des petits vieux venus pour taper le carton devant un bannig gwin ru Wink
Pire qu'un club privé, il fallait montrer patte blanche avant de pouvoir espérer être servi. Pas de service à table, c'était les clients qui faisaient eux même le service en salle.
Pas un bar de touristes, mais un repère de marins à la retraite.

Malheureusement, 'sine s'en est allée; et son bar est devenu une boutique !

Mais en parcourant la bretagne, au détour d'un bourg, vous pouvez toujours trouver un de ces lieux rares qui vont le charme de notre région. Very Happy
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