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La tournée d'un maso


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Fiasco latino-américain pour le président des états-Unis
Amérique Latine . Le voyage de cinq jours de Georges Bush a été émaillé de nombreuses manifestations. Sur le plan diplomatique, le bilan est maigre.

Empoignant son bâton de pèlerin de la liberté et de « la générosité américaine », George Bush a sillonné l’Amérique latine du 8 au 14 mars. À l’heure où le président des États-Unis quitte le Mexique, ultime étape après le Guatemala, la Colombie, l’Uruguay et le Brésil, on peut s’interroger sur les retombées de cette tournée officielle émaillée de nombreuses manifestations. Une chose est sûre, si Bush a gagné quelque chose, c’est une forte dose de discrédit.

Même dans les deux pays d’Amérique centrale visités, pourtant dernier bastion de l’arrière-cour des États-Unis, le bilan n’est pas très reluisant. Comme ce fut le cas dans le sous-continent, George Bush a eu droit à des comités d’accueil hostiles, conspuant le néolibéralisme et l’impéralisme américain. Deux mille personnes ont manifesté lundi dans le centre de la capitale guatémaltèque contre l’accord de libre-échange de l’Amérique centrale (CAFTA) avec les États-Unis, et ont été violemment réprimées.

Comme convenu, le président des États-Unis, et son homologue guatémaltèque Oscar Berger, tout aussi impopulaire, ont abordé l’épineux dossier de l’immigration. Le premier a avancé la nécessité d’adopter d’ici août une réforme sur l’immigration, visant à durcir les conditions d’obtention de la fameuse carte de résident permanent, la « green card » (carte verte) autorisant à séjourner mais surtout à travailler sur le sol américain. Bush a défendu mordicus la construction d’un mur de séparation de plus de 1 000 km entre les États-Unis et le Mexique, censé contenir les flux migratoires. Le second, à l’instar de son voisin mexicain, ne s’inquiète tant pas du projet coercitif visant les sans-papiers (12 millions de Centre-américains se trouveraient actuellement aux États-Unis) mais de ses impacts économiques. Car, les immigrés, par l’intermédiaire de l’argent envoyé à leur famille, permettent aux économies régionales de se maintenir à flot. Quinze milliards ont été ainsi injectés au Mexique.

Autant dire qu’à Merida, dans l’État du Yucatan, où Bush a rencontré hier le président mexicain, Felipe Calderon, le temps n’était pas au beau fixe. Avant même sa venue, le chef de l’État mexicain, dont on sait combien l’accession au pouvoir a été laborieuse, ne s’est pas privé de dire que les relations entre leurs deux pays ne pouvaient pas être basée sur « la subordination ». Ces propos augurent d’un certain fléchissement, alors que le Mexique est considéré comme un pays allié de Washington. Il faut dire que les relations bilatérales ressemblent au baiser

de la mort. Les retombées sociales et économiques de l’ALENA, la zone de libre-échange promue par Washington et regroupant aussi le Canada, sont épouvantables. Treize ans après sa création, l’unilatéralisme des échanges commerciaux au profit des États-Unis a miné les industries et les exploitations agricoles traditionnelles. En janvier dernier « la crise de la tortilla » - nourriture de base de la population - en raison de la hausse des prix liée à la diminution de la production de maïs alimentaire aux États-Unis a montré l’ampleur de la dépendance du pays. C’est cette même crise sociale, qui contraint chaque année plus de 400 000 Mexicains à rejoindre les États-Unis.

Felipe Calderon s’était également chargé de rappeler que « le crime organisé existe en fonction de la consommation de drogues des voisins du Nord ». Mais sur ce terrain de la lutte contre la criminalité et du narcotrafic, les discours l’ont, semble-t-il, une fois de plus emporter sur les actes. Finalement George Bush s’en est tenu à ses thèmes de prédilection - les vertus du libre-échange - en dépit du rejet qu’il provoque chez les populations locales et régionales, soumises aux ravages des politiques néolibérales dictées par le consensus de Washington.

Au terme de cette visite mouvementée, impossible de taire « l’autre tournée » entreprise par Hugo Chavez. Le président vénézuélien a pris un malin plaisir à parcourir le continent en plaidant pour l’intégration des peuples fondée sur la solidarité réciproque. Ainsi, Haïti, Cuba et le Venezuela ont signé lundi à Port-au-Prince, un accord de coopération tripartite portant sur la santé, l’énergie et le pétrole. « Ma présence ici c’est pour rembourser une partie de la dette du Venezuela envers Haïti », a déclaré Hugo Chavez. La « perle des Caraïbes » recevra 14 000 barils de pétrole vénézuélien dans le cadre du programme régional PetroCaribe. Cuba, pour sa part, a annoncé la venue de nouveaux médecins et formera gratuitement près de 800 étudiants haïtiens à l’école de médecine de La Havane.

Cathy Ceïbe
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