Un motard fait tout en double...

[Pepo 0]

Ce matin, je dois me rendre en ville. Il fait beau, les prévisions MTO ne sont pas trop mauvaises – et même si – il est clair que je prends la moto. En moto, pas d’embouteillage, pas de stress pour se garer, et puis, de toute façon, je suis une motarde née.
Chose dite-chose faite. J’enfourche mon fier destrier et me mets en route. Quelques kilomètres plus loin, à l’embranchement de l’autoroute, une voiture quitte celle-ci et me coupe la priorité. Oh, il y avait encore du temps, mais… ZUT ! J’aurais été « voiture », elle y aurait réfléchi à deux fois avant de quitter l’autoroute en se faufilant devant moi.

- T’en fais pas, Annie, tu es et tu resteras « petite »…
- Oui, mais, j’ai aussi mes droits. Le code de la route est AUSSI favorable aux motards !

Ce sont mes deux protagonistes dans ma tête, le premier c’est mon ange, mon deuxième mon diable. Je les ignore, me range derrière la voiture qui vient de me prendre la priorité et continue mon chemin. Je savoure la douceur de l’air, le soleil et la route sèche et arrive enfin en ville.   

Fini mes courses, je retourne auprès de mon fier destrier qui, comme il se doit, m’attend patiemment. Veste, casque, gants, tout est mis et prêt à l’emploi. Je démarre le moteur qui répond au quart de tour. Ah, quelle joie !

Je m’intègre dans le trafic. Il est dense sans pour autant stagner, je vais bientôt rejoindre la nationale. OUF, j’y suis. Une légère montée, deux files. Le feu vire au vert, je sollicite mes quelques chevaux, ils répondent en hennissant. Je prends la file de gauche, double une – deux – trois voitures. La dernière est une auto-école, elle se traine, indécise, en montant la côte. Ca y est, je suis devant, je suis libre, je vole. Oh, pas une poussée d’adrénaline mais simplement un moment d’intense et pur bonheur. Assise sur mes chevaux, je savoure ce plaisir béat, cette joie de rouler, d’être la première, d’être la plus rapide.   

Les deux voies se rétrécissent, redeviennent une seule. Je profite de mon élan, les roues mordent l’asphalte et le paysage défile mais je n’y prend déjà plus garde. Au loin, un nouveau carrefour. Une route secondaire se joint à la nationale, s’y emmêlant en forme d’Y. Mais je suis prioritaire. Soudain, je me rappelle un reportage que j’avais entendu, il n’y a pas longtemps, à la radio allemande. Il était question d’accidents impliquant des motards. Apparemment, dans plus de 50% des cas, c’est une voiture qui a causé l’accident… tu m’étonnes !   

Je lâche les gaz, un camion – ô, pas un 30 tonnes, mais un gros truc quand même – vient de s’approcher de l’embranchement. Va-t-il s’arrêter ? Va-t-il me laisser ma priorité ? Et là, mon ange et mon diable s’en mêlent :

- Le con, il va te prendre la priorité, freine !
- Mais non, attends, il a ralenti !
- Hé, s’il se lance sur la nationale, tu le doubles et tu piles juste devant lui ! Pour bien lui montrer que, même petite, tu existes aussi ! Et que tu avais la priorité !
- Mais attends, observe ses roues avant, peut-être qu’il est sympa et qu’il ne s’engagera pas juste devant toi !
- Tu parles, regardes-le. Un gros truc comme ça, il n’a peur de rien. L’enfoiré, il va te couper la route…
- Attends avant de râler. Il semble t’avoir vue…
- Gare ! Je te dis, s’il te coupe la route, tu le doubles et tu lui montres de quoi tu es cap, petite ou pas ! Avec un doigt d’honneur svp…
- On y est. Tu vois, il a freiné. Il t’a respecté ! Ce n’est pas un enfoiré de chauffard !

Mon diable ne répond plus, il s’est recroquevillé loin dans mon esprit. Mon ange l’y rejoint bientôt. Je passe le carrefour à vitesse modérée. Un bref coup d’œil au chauffeur. MERCI Monsieur. MERCI de m’avoir respectée… Pendant un très court instant, je me demande même si je ne lui ferais pas un signe de la main, juste pour lui montrer ma gratitude.

- Hé ! C’était ton droit. TU avais la priorité !

C’est mon diable, il est ressorti en coup de vent, juste le temps pour me murmurer son commentaire à l’oreille, le temps de me faire hésiter. Trop tard, j’ai passé le carrefour, je n’ai pas fait de signe de remerciement. C’est vrai, à la fin, j’avais la priorité et il l’a juste respectée.

Invraisemblable quand même qu’en tant que motard, tu doive être doublement vigilant, doublement respectueux et...doublement reconnaissant…  

[marpa 0]

L'histoire est joliment racontée et bien heureusement elle finit bien!
Ha les joies de la moto...

[Pat'67 0]

En temps que chauffeur PL j'aurais fait pareil ( ça va de soit ! )
Mais pour le moment j'ai laissé tombé le camion . Je travail à l'extension et rénovation d'une piscine sur le secteur de Strasbourg !